Le Mille Sabords : à Arzon, Marion Bouillot, de la cuisine du Miramar à celles des voiliers


Par Fanny Coconnier

Après quatre années comme cheffe au restaurant du Miramar, Marion Bouillot cuisine à bord de voiliers. La suite d’un parcours guidé par l’audace et la passion. Samedi 1er novembre, au salon Mille Sabords, à Arzon, elle proposait une conférence sur les algues, l’un des produits du cru qu’elle a apprivoisés.

Marion Bouillot a œuvré comme chef dans les cuisines du restaurant BE, pour Bien-être, créé au Miramar-La Cigale en 2017. Elle revient désormais avec plaisir dans le bar de l’établissement.
Marion Bouillot a œuvré comme chef dans les cuisines du restaurant BE, pour Bien-être, créé au Miramar-La Cigale en 2017. Elle revient désormais avec plaisir dans le bar de l’établissement. (Le Télégramme/Fanny Coconnier)

Il aura fallu une pincée d’audace, des heures de travail en pagaille et un coup de pouce du destin pour que la vie de Marion Bouillot s’amarre à Arzon. La Drômoise de naissance apparaît comme un poisson dans l’eau dans le luxueux bar du Miramar, l’établissement qui l’a embauchée en 2017 avant que la crise sanitaire ne provoque un tournant dans sa carrière. Mais elle revient avec plaisir dans son ancien établissement. Pas décidé et regard bleu franc, l’Arzonaise d’adoption de 38 ans, rembobine son parcours.

Le Michelin comme annuaire

La cuisine ? Ce n’était pas prévu. Bac scientifique en poche, c’est vers la diététique que se lance la jeune femme sportive. Mais les bouquins de cuisine prennent de plus en plus de place dans sa vie. L’idée fait son chemin : elle veut cuisiner. Pour trouver une maison qui acceptera de la former, elle ne prend pas l’annuaire mais le guide Michelin. Et tente les triple étoilés. On lui dit de rappeler le lendemain ? Elle s’exécute.

« Régis Marcon, j’ai rappelé tous les jours jusqu’à l’avoir. J’étais assez tenace », sourit-elle aujourd’hui. Un entretien plus tard, le chef lui propose un échange : « Il me forme à la cuisine, je lui apporte mon expérience en termes de diététique ». Après ces débuts intenses, elle poursuit sa carrière dans un autre Trois étoiles, chez Michel Guérard. Elle y deviendra second de cuisine.Veuillez fermer la vidéo flottante pour reprendre la lecture ici.

Samedi 1er novembre, Marion Bouillot a partagé sa connaissance des algues et des recettes lors d’un atelier au Mille Sabords.
Samedi 1er novembre, Marion Bouillot a partagé sa connaissance des algues et des recettes lors d’un atelier au Mille Sabords. (Le Télégramme/Francis Dumortier)
Parfois, c’est un peu sportif. Il m’est arrivé de changer de menu un jour de tempête

La suite de l’histoire aurait dû s’écrire de l’autre côté de la Manche. Le projet était ficelé, raconte-t-elle. Elle cherche un petit boulot, en attendant. Une annonce du Miramar pour « faire la plonge », la fait candidater. Sergio Tosati, le directeur de l’établissement, a une autre idée pour elle : en faire la cheffe du restaurant qu’il veut lancer. En 2017, bye-bye l’Angleterre, bonjour Arzon. La voici cheffe, pour la première fois. Elle y développe sa cuisine terre-mer, cherche des alliages surprenants.


« Ça a matché entre nous, raconte Antoine Pénard, chef de bar au Miramar, qui se remémore d’audacieuses harmonies trouvées ensemble. On a conversé sur les arts culinaires. Elle connaît très bien ses produits ». Elle explore ceux d’ici : la vache pie noire, la morgate, le blé noir, les algues ont rejoint ses assiettes. Le Michelin la suit. Elle y décroche trois fourchettes. « Nul doute que la gastronomie française entendra parler d’elle », note le guide rouge en 2019. « Son passage au Miramar a été particulièrement intéressant tant sur le plan de la signature gastronomique de Marion que sur la qualité humaine », confie aujourd’hui Serge Tosati. Mais la crise sanitaire a mis fin à cette aventure.

Sapeur-pompier volontaire

Elle crée alors sa propre entreprise de restauration à domicile, Arts culinaires. Elle embarque pour ravir les papilles des plaisanciers à bord de leur voilier. Un marché à Belle-Ile, une escale aux Glénans, des rencontres privilégiées avec ses clients la ravissent. L’environnement de travail l’oblige à s’adapter.

« Parfois, c’est un peu sportif. Il m’est arrivé de changer de menu un jour de tempête », raconte-t-elle. Le midi, c’est repas facile à manger pendant la navigation et le soir, au mouillage ou au ponton, elle déploie ses propositions gastronomiques. Sa petite entreprise tourne, elle ne s’ennuie pas.



« C’est difficile de se plaindre. Ici, c’est un endroit privilégié, dit-elle en désignant l’océan au pied de l’établissement de thalassothérapie. Dès que j’ai un peu de temps, je peux aller nager, pêcher… ». Entre deux, elle assure aussi des gardes comme sapeur-pompier volontaire. La Drômoise est devenue Arzonaise.


Mis en ligne le 02 novembre 2025 par jpl56

Origine : le Télégramme

  

Réservé aux membres des Amis de Port Navalo.
Pas encore de commentaire

Aucun événement prévu actuellement