Consultation de l'article mis en ligne le 06 avril 2024

Gestion des déchets

Gestion des déchets sur la presqu’île de Rhuys: des professionnels se plaignent des nouvelles règles

Les nouvelles règles de collectes des déchets, mises en place depuis le 1er janvier 2024, pour les professionnels, suscitent la colère de certains commerçants et professionnels de la presqu’île de Rhuys, à Arzon et Sarzeau (Morbihan). Les poubelles débordent et le coût de traitement a fortement augmenté.

Au centre de vacances d’Arzon, Nicolas Margerin cherche des solutions car les deux conteneurs sont pleins mardi 2 avril 2024. Ils ne seront pas vidés avant le 10 avril.
Au centre de vacances d’Arzon, Nicolas Margerin cherche des solutions car les deux conteneurs sont pleins mardi 2 avril 2024. Ils ne seront pas vidés avant le 10 avril. | OUEST-FRANCE

Depuis octobre, les conteneurs jaunes (emballages et papiers) sont ramassés tous les quinze jours au lieu d’une fois par semaine ; les autres conteneurs qui accueillent les ordures ménagères sont collectés une fois par semaine au lieu de trois en haute saison. À cela, il faut ajouter les compostables à part, mais il y a encore un flou autour de ces derniers.

La colère monte chez les commerçants

Romuald Chaen, patron du restaurant L’Endroit au port de Saint-Jacques, à Sarzeau, explique que les conteneurs débordent dès le mois d’avril. | OUEST-FRANCE

Lundi 18 mars, lors d’une nouvelle réunion, GMVA a proposé aux commerçants des offres de collectes, avec des prestataires privés, pour supporter l’augmentation des volumes, en moyenne et haute saison.

Dans un document rédigé par GMVA à l’attention des commerçants, on peut lire :  Si la collectivité a une obligation de collecte pour les déchets ménagers, elle n’en a aucune pour les déchets dits assimilés (déchets des professionnels). Pour ces derniers, elle est libre de fixer les prestations qu’elle assure sans dépasser celles proposées aux ménages. 

Plusieurs commerçants et restaurateurs sont en colère, d’autres s’inquiètent. Tous disent que  c’est du n’importe quoi . C’est le cas de Romuald Chaen, qui dirige deux établissements sur la presqu’île de Rhuys : Le Cap Horn à Arzon et l’Endroit au port de Saint-Jacques, à Sarzeau. Dès avril, les poubelles vertes et jaunes dégueulent à Saint-Jacques, maintenant on a les cartons à emporter à la déchèterie »,peste le commerçant.

Sur le port du Crouesty, la situation est différente.  Il y a huit conteneurs d’ordures ménagères, partagés avec deux copropriétés. Et comme on n’a pas le droit de verrouiller le local qui nous est réservé, les conteneurs sont utilisés par les vacanciers, et nous payons pour eux, raconte Romuald Chaen. Et les copropriétés refusent le stockage de compostables dans les parties communes. 

Le chef d’entreprise a demandé à son comptable d’estimer le coût engendré par ces nouvelles règles.  Si je garde le ramassage avec l’agglo, et que j’ajoute un prestataire, le surcoût est de 5 800 € par an, note Romuald Chaen. Dans tous les cas, même avec un prestataire, beaucoup vont devoir s’adapter avec les nouvelles périodes de ramassage. 

« On ne va pas faire un élevage de rats quand même »

Virginie Adam et Baptiste Moisson tiennent le restaurant Le Grand Largue à Port-Navalo : « Nous avons cinq conteneurs différents. » | OUEST-FRANCE

Au restaurant Le Grand Largue à Port-Navalo, Virginie Adam, la directrice, fait face aux mêmes problèmes.  J’ai un bac pour les coquillages et les algues, un pour les épluchures destinées au compostage, un pour les papiers et les plastiques, un pour le retour des assiettes, et un pour le verre. Je dépose les cartons à la déchèterie et je paye en plus pour les polystyrènes que j’y dépose aussi.  Pour elle, le problème, c’est la place qui manque.  Les compostables, c’est impossible, on ne va pas faire un élevage de rats quand même , dit-elle.

Les deux conteneurs du centre de vacances sont déjà pleins, huit jours avant la collecte. | OUEST-FRANCE

Petit tour au centre maritime de la commune d’Antony, centre aéré et de loisirs à Arzon, qui accueille des classes scolaires et des colonies de vacances, de février à décembre.  Nous pouvons recevoir 80 personnes, les enfants et l’encadrement », commence Nicolas Margerin, gestionnaire de l’économat et des déchets au sein de la structure. Mardi 2 avril, les conteneurs fournis par GMVA sont pleins, ils ne seront pas collectés avant le 10 avril. « Je n’ai pas de plan B, explique-t-il. Le week-end prochain, on sera en capacité maximum. On réfléchit à transvaser les déchets dans les conteneurs enterrés au bout de la rue », avant d’enfoncer le clou :  Le service public est en train d’être décousu, et on ne le récupérera pas. C’est le désengagement des collectivités locales. Et puis, c’est aux politiques de venir nous causer. C’est trop facile d’envoyer des techniciens qui s’en prennent plein la tête. 

À Sarzeau, Carole Gauvin, la présidente de l’Union des commerçants, ne décolère pas non plus depuis les dernières règles mises place.  Déjà, les trois quarts des commerçants n’ont pas été prévenus de la dernière réunion d’information. Maintenant, je constate qu’il n’y a pas assez de ramassages. 

« La collecte comme avant, ce n’est plus possible »

Contacté, Christian Sébille, vice-président en charge de la collecte, de la valorisation et du traitement des déchets à GMVA, et maire de Theix-Noyalo, trouve qu’il  ne faut pas se tromper sur le dialogue .

 Au début, il y avait une collecte unitaire pour l’ensemble des déchets, maintenant ce n’est plus possible. Effectivement, ça complexifie la collecte. La proposition qui a été faite aux commerçants, c’est une contractualisation auprès d’un prestataire privé, afin que les coûts n’augmentent pas trop. L’idée étant qu’évidemment ce soit plutôt un prestataire qui fasse une tournée générale. 

Christian Sébille est prêt à écouter les plaintes et revendications des commerçants. « Au regard de leurs impressions, s’il y a besoin de redéfinir les choses, on peut le faire, ce n’est pas un souci, dit-il. Cependant, il faut qu’ils prennent en compte, de la même façon que les particuliers, les nouvelles obligations de tri à la source. »

Qu’en disent les élus de la presqu’île ?

Frédérique Gauvain, maire d’Arzon, dit  avoir évoqué le sujet avec le sous-préfet. Il y a un réel problème dans l’organisation de la collecte des déchets pour satisfaire les besoins existants de notre territoire. Nous avons une fréquentation spécifique qui est multipliée d’au moins dix fois en saison estivale ».

 Je n’ai aucune remontée sur des mécontentements des professionnels , constate, pour sa part, Frédéric Pinel, adjoint au maire de Saint-Gildas-de-Rhuys, chargé de l’environnement. Nous avons mis en place les tris pour les particuliers et les professionnels, ça a l’air de bien se passer. Et dans l’hypercentre, les commerçants utilisent les conteneurs enterrés.  À propos des compostables, la commune réfléchit à des emplacements.

À la mairie de Sarzeau Jean-Marc Dupeyrat, maire, n’a pas été sollicité par les professionnels sur cette question :  J’ai suivi l’évolution des règles et j’en ai pris acte. Je comprends quelle est la démarche de l’agglomération qui adapte son service aux compétences qu’elle a. Je conçois néanmoins que cela puisse créer des difficultés pour certains professionnels et qu’il faille trouver des solutions.

Mis en ligne le 06 avril 2024 par jpl56

Origine : Ouest France


Fermer