Consultation de l'article mis en ligne le 06 août 2025

Remettre la voile au travail

« Remettre la voile au travail » : Jérôme Morverand, passeur d’île en île dans le golfe du Morbihan


Valérie Cudennec-Riou

Par Valérie Cudennec-Riou

Veiller aux finitions du prochain bateau, gérer les horaires des traversées et les plannings des équipages : c’est le quotidien de Jérôme Morverand, cofondateur de la compagnie Le Passeur des îles, taxi de charme dans le golfe du Morbihan.

La compagnie Le Passeur des îles, cofondée par Jérôme Morverand, assure le transport de passagers sur des vedettes dans le golfe du Morbihan.
La compagnie Le Passeur des îles, cofondée par Jérôme Morverand, assure le transport de passagers sur des vedettes dans le golfe du Morbihan. (Lionel Le Saux/Le Télégramme)

On pensait trouver l’armateur sur l’eau mais c’est en haut d’une échelle que la rencontre s’est opérée, en juin. Tournevis à la main, Jérôme Morverand, cofondateur du Passeur des îles, rageait du retard pris par la construction du Pass’Avel, premier bateau hybride de la compagnie. « J’espère qu’il pourra être mis en service début août », soufflait-il, pressé, comme ses deux associés, Ronan Le Borgne et Henri Louis, de « remettre la voile au travail dans le golfe du Morbihan ».

 

C’est que le Pass’Avel, doté d’une propulsion à voile et de quatre moteurs électriques, ouvre une nouvelle étape dans l’histoire de l’entreprise, spécialisée dans le transport de passagers d’île en île. Celle de la décarbonation. Une évidence pour cet épris de patrimoine et de navigation à l’ancienne, originaire de Moëlan-sur-Mer (29). Et un sacré challenge. De par son concentré d’innovations (carène alu optimisée, génois autovireur, enrouleur hydraulique qui permet d’envoyer la voile sans effort), son coût (près d’un million d’euros) et l’ambition du projet. Même look vintage noir et bleu et même charme désuet que ses prédécesseurs vieux de 50, voire 60 ans. Même habilitation au transport de vélos. Mais du travail en toute saison pour le petit nouveau de la flottille.

Le Pass’Avel, en cours de finition dans l’atelier du Passeur des îles est doté d’une propulsion à voile et de quatre moteurs électriques. Il affiche le même look vintage noir et bleu et le même charme désuet que ses prédécesseurs vieux de 50, voire 60 ans.

Le Pass’Avel, en cours de finition dans l’atelier du Passeur des îles est doté d’une propulsion à voile et de quatre moteurs électriques. Il affiche le même look vintage noir et bleu et le même charme désuet que ses prédécesseurs vieux de 50, voire 60 ans. (Lionel Le Saux/Le Télégramme)

Des vieilles coques au voilier du futur

 

D’avril à octobre, le Pass’Avel assurera les traversées passagers (58 places) entre Port-Navalo et Locmariaquer (56). « Celle, parmi nos cinq lignes régulières, qui bénéficie des meilleurs vents. » Celle, aussi, qui fait gagner le plus de temps aux estivants, travailleurs saisonniers et randonneurs qui l’empruntent (8 000 l’an dernier) : « Deux kilomètres avalés en 25 minutes, de cale à cale, sans bruit ni vibrations, au lieu de 65 km et une heure de trajet par la route, hors bouchons ! ». L’hiver, quand les autres bateaux seront à l’arrêt, le Pass’Avel accueillera des groupes pour des séminaires ou des événements privés à bord.

À 51 ans, Jérôme Morverand mesure le chemin parcouru depuis la création de la compagnie, en 2007. « Les vedettes sur la place proposaient le tour du golfe, avec ou sans escale, mais aucune les traversées directes, d’île en île, pour lesquelles il y avait pourtant de la demande », rembobine l’armateur. Avec François (son associé à l’époque), ils ont l’idée de relancer, sur des bateaux traditionnels en bois, d’anciennes navettes abandonnées après guerre. Ils commencent par remettre en service la liaison entre Kerners, dans la presqu’île de Rhuys, et l’île aux Moines. Le succès est immédiat.

Les passagers du Passeur des îles peuvent embarquer leur vélo à bord, pour voyager d’un point à un autre du golfe du Morbihan.
Les passagers du Passeur des îles peuvent embarquer leur vélo à bord, pour voyager d’un point à un autre du golfe du Morbihan. (Lionel Le Saux/Le Télégramme)

Rencontres insolites

Dix-huit ans, cinq bateaux et cinq lignes régulières plus tard (*), l’armateur ne regrette rien. Comme tout chef d’entreprise, il jongle entre les plannings d’équipages, les recrutements de saisonniers, les pièces à remplacer, les dossiers à remplir, les banquiers à convaincre, les normes à respecter… Mais il n’échangerait pour rien au monde son « bureau flottant, vue sur un site magique ! », ni son boulot à braver les courants, nez au vent. « Chaque projet apporte sa dose d’adrénaline, et chaque jour ses rencontres de passagers aux parcours atypiques. » On ne peut plus vivifiant !

Le Passeur des îles fait circuler cinq bateaux sur cinq lignes régulières.
Le Passeur des îles fait circuler cinq bateaux sur cinq lignes régulières. (Lionel Le Saux/Le Télégramme)

* Kerners - île aux Moines, Locmariaquer - Port-Navalo, Port-Navalo - île d’Arz, Locmariaquer et Larmor-Baden - île d’Arz, île d’Arz - île aux Moines, auxquelles s’ajoutent, en été, les croisières avec escale au cairn de Gavrinis et au marché de Vannes. Renseignements sur www.passeurdesiles.com

Mis en ligne le 06 août 2025 par jpl56

Origine : le Télégramme


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