Consultation de l'article mis en ligne le 08 juillet 2025

Ce que changerait l’inscription des Mégalithes de Carnac au patrimoine de l’Unesco

ENTRETIEN. Ce que changerait l’inscription des Mégalithes de Carnac au patrimoine de l’Unesco

La décision devrait tomber samedi 12 juillet 2025. Après treize ans de préparation, les Mégalithes de Carnac et des rives du Morbihan pourraient être inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. Concrètement, ça peut changer quoi pour le site ?

Victoire Dorise, directrice de Paysages de Mégalithes, devant le dolmen de Keriaval, propriété de l’État. Le périmètre compte 557 sites et monuments mégalithiques et il en reste à découvrir, dit-elle.
Victoire Dorise, directrice de Paysages de Mégalithes, devant le dolmen de Keriaval, propriété de l’État. Le périmètre compte 557 sites et monuments mégalithiques et il en reste à découvrir, dit-elle. | THIERRY CREUX / OUEST-FRANCE

557 sites et monuments mégalithiques sont en passe d’être inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, sous l’appellation « Mégalithes de Carnac et des rives du Morbihan. » L’aboutissement d’un travail de fourmi de treize ans, pour faire reconnaître la valeur exceptionnelle de ce bien qui devrait rejoindre, samedi 12 juillet 2025, les cinquante-trois sites français déjà inscrits. « Cette inscription, nous serons tous très contents de l’avoir, mais ça n’est pas un objectif en soi, insiste Victoire Dorise, directrice de Paysages de mégalithes, l’association qui a porté le dossier de candidature. L’objectif est de travailler sur le temps long, pour préserver et transmettre aux générations futures ». Entretien.

Que va changer cette inscription à l’Unesco en termes de protection ?

En soi, l’inscription n’engendre aucune contrainte supplémentaire que celle de la réglementation nationale. L’ensemble du territoire est couvert par des protections diverses, en matière de paysage ou d’urbanisme, mais la plus forte est celle relevant du titre des monuments historiques. 216 sites et monuments du dossier y sont inscrits. Pour le reste, nous n’avons aucune prise. C’est pour cela qu’on insiste beaucoup sur l’appropriation collective, la connaissance, la diffusion, la sensibilisation. La grosse difficulté concerne les propriétaires privés qui ont un monument qui n’a aucune protection réglementaire patrimoniale. L’enjeu est énorme.


Car les trois quarts du patrimoine classé sont sur des terrains privés…

Cela comprend environ quelque 600 propriétaires. Un des premiers sujets a d’abord été de les informer : certains ont même découvert à cette occasion qu’ils en avaient un. Car c’est vraiment une réalité du dossier qui est parfois éclipsée par ces monuments extraordinaires comme les alignements : mais la quasi-intégralité des sites, ce sont trois pierres perdues sous une fougère au fond des bois, deux pierres sur la plage, un monument dans un trottoir, un autre transformé en monument aux morts… Des monuments qui ressemblent à tout sauf à un monument patrimonial. Très clairement on comprend mieux pourquoi à une certaine époque, ils ont été transformés, utilisés pour construire des maisons ou des murets. Et c’est ça que notre plan de gestion essaie de cadrer.


Que vise-t-il ?

Ce plan de gestion a été établi sur l’intégralité de la zone, et est d’ailleurs déjà en application, depuis janvier 2024, date du dépôt du dossier à l’international. C’est d’abord un travail de connaissance, fondamental dans ce dossier. Nous œuvrons beaucoup avec les universités, les écoles, les chantiers de restauration, pour élaborer bases de données, outils scientifiques de qualité. Un des grands sujets qui nous a occupés pendant des années, c’est l’étude et le suivi des monuments, mais aussi le suivi sanitaire et la conservation.


La décision devrait tomber samedi 12 juillet 2025. Après treize ans de préparation, les Mégalithes de Carnac et des rives du Morbihan pourraient être inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. | ARCHIVES OUEST-FRANCE

Vous insistez aussi sur le lien avec les habitants…

Un autre enjeu est l’appropriation collective, l’objectif clair de garder ce lien avec les habitants. Cela passe par toute la question des propriétaires privés, par les scolaires, par une meilleure communication avec l’ensemble des structures pour donner un point de vue homogène sur l’ensemble du territoire, parler d’une seule et même voix. Sachant que l’objectif n’est pas de mettre sous cloche le territoire, mais d’accompagner et coconstruire avec les gens.

Comment conserve-t-on ce classement ?

Il y a évidemment un vrai enjeu de gestion sur le temps long. Notre plan de gestion court jusqu’en 2029, il faudra le remettre à jour. Mais il y a des jalons solides pour le futur. Paysages de mégalithes deviendra la structure de gestion, sans doute pas sous cette forme associative, mais toujours dans l’idée de ce collectif de 60 partenaires qui s’engage et cadre les éventuels appétits des uns et des autres ; cette structure sera couplée à un comité de pilotage, qui assure le respect des engagements pris vis-à-vis de l’Unesco. On fait aussi confiance à la responsabilité et l’engagement des élus. L’idée n’est pas de figer le territoire : c’est de respecter les monuments, mais aussi les gens qui y vivent. Il y a un juste milieu à trouver, et nous nous efforçons de concilier les deux

Mis en ligne le 08 juillet 2025 par jpl56

Origine : Ouest France


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