Consultation de l'article mis en ligne le 02 avril 2025

le golfe du Morbihan comme vous ne l’avez encore jamais vu

REPORTAGE. Kayak au milieu des îles : le golfe du Morbihan comme vous ne l’avez encore jamais vu

Et si, cette fois, « Voyages à l’Ouest » vous faisait découvrir le golfe du Morbihan depuis la surface de l’eau ? Sur un kayak, un guide nous ouvre la voie. Ce sport, qui mêle activité sportive douce et promenade au milieu des îles, a de quoi étonner. Rejoignez-nous dans cette aventure !

Avec Kerners Kayak, on part en expédition au milieu des îles de la « Petite Mer ».
Avec Kerners Kayak, on part en expédition au milieu des îles de la « Petite Mer ». | HÉLAINE LEFRANÇOIS

On rêverait d’avoir un poste de travail avec une si belle vue. Jules Philippe, le moniteur de Kerners-Kayak, nous donne rendez-vous à son « bureau », une cabane en bois à une poignée de mètres du petit port de Kerners, à Arzon. Cette fois, Voyages à l’Ouest est sur la (petite) presqu’île de Kerners qui se trouve elle-même sur la (grande) presqu’île de Rhuys. L’environnement est paisible, le cadre donne envie d’aller explorer le golfe du Morbihan.


Autour de la cabane, une flotte de kayaks, simples et doubles, et de paddles géants laisse présager que l’activité tourne bien. « L’été, j’embauche six à sept personnes », explique le trentenaire qui travaille seul le reste de l’année. Si vous avez envie d’être en plus petit comité, privilégiez les périodes hors vacances scolaires. Et qu’importe la période : il faut réserver, au moins quelques jours à l’avance, puisque Jules programme ses sorties en fonction du nombre de personnes.

Les îles abritent de nombreuses espèces d’oiseaux d’eau visible depuis notre embarcation. | HÉLAINE LEFRANÇOIS

À l’intérieur de la cabane, deux vestiaires individuels permettent de se changer. Pour faire du kayak, une tenue de sport et des baskets qui ne craignent pas l’eau sont de rigueur. Même si vous ne tombez pas à l’eau – et on vous le souhaite – vous serez contents de retrouver des vêtements secs en rentrant. Avec le kayak, on navigue à ras de l’eau, on est facilement éclaboussé. Portefeuille, livre… On se déleste des affaires qui n’auront aucune utilité et on glisse ce qu’on emporte dans des bidons étanches.

Au détour des courants

Avec le reste du groupe, on descend les kayaks pour les mettre à l’eau. Ce jour-là, on est avec deux habituées : Katell, 47 ans, et Colette, 80 ans. Jules embarque aussi bien des novices que des randonneurs plus aguerris. Deux options sont possibles : soit on a de l’énergie et on prend un kayak une place, soit on veut se ménager et on opte pour un deux places. Seul prérequis : il faut savoir nager. Une fois sur l’eau, il suffit d’écouter les conseils que le moniteur donne car le Golfe n’est pas toujours une promenade de santé. Le Morbihan, qui signifie « petite mer » en breton, porte bien son nom.

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Colette et Katell, deux habituées, partent en tête. | HÉLAINE LEFRANÇOIS

« Il peut y avoir pas mal de courants », prévient Jules. Rassurez-vous, en suivant le guide, vous serez en sécurité. Il manie le kayak depuis qu’il a 10 ans. « J’ai commencé dans le Nord de la France, vers Cambrai. J’ai d’abord fait de la course au large, j’ai sillonné la France pour faire des compétitions », raconte-t-il. Il connaît aussi le Golfe comme sa poche. Avant de reprendre Kerners-Kayak en 2023, le moniteur travaillait pour ce club depuis 2010. Il a exploré de nombreux recoins de cet environnement et il ne s’en lasse pas.

Des balades sur mesure

« Plus tu as l’habitude, plus tu vois les détails, affirme-t-il. Il y a deux marées hautes et deux marées basses par jour, donc le paysage évolue tout le temps. Un jour, c’est un lac et trois jours plus tard, il y a beaucoup de courants parce que le coefficient de marée est élevé. Sans compter que la lumière n’est jamais la même. »

Entre les courants et les vagues créées par les bateaux, l’eau du Golfe peut être agitée. | HÉLAINE LEFRANÇOIS

De mars à octobre, les balades se suivent et ne se ressemblent pas. Au gré des marées, des prévisions météo, du niveau du groupe, Jules adapte la sortie. « On ose emmener les gens là où ils n’iraient pas. »

En deux coups de pagaie, c’est parti, on s’éloigne du port en longeant la pointe de Kerners. Au large d’Hent-Tenn, on entre dans un courant et on se laisse porter jusqu’au nord de l’île. Au détour de l’île de la Jument, nous rentrons dans une marmite, un tourbillon créé par deux courants contraires, et nous sommes rattrapés par des vaguelettes créées par les bateaux à moteur. Le kayak tangue légèrement. « Je n’aime pas les vagues » dit franchement Colette, mais elle fait confiance au guide.

Une fine connaissance des îles

Depuis une quinzaine d’années, cette habituée sort toutes les semaines en kayak dans le Golfe avec une amie ou avec Jules. Avant de se mettre à la glisse, elle a longtemps fait de la planche à voile.

« C’est devenu difficile à un certain âge. Comme j’aime la mer, je cherchais un sport d’eau moins violent que la planche », confie-t-elle. Ne l’oublions pas : le kayak, c’est du sport. Au bout d’une heure, on a les bras qui chauffent un peu. « Ce qui aide, c’est de bouger le buste de gauche à droite, en suivant le mouvement de la pagaie », conseille Jules. Katell me conseille d’utiliser mes pieds et de resserrer les omoplates. « Enfin, tu fais comme tu le sens, il faut que tu trouves une position où tu es à l’aise. »

Au milieu de la balade, on fait escale sur une petite île pour reprendre des forces. | FRANÇOIS VAN MALLEGHEM

Depuis le ras de l’eau, on aperçoit le Cromlec’h d’ErLannic, une enceinte mégalithique découverte à la fin du XIXe siècle. L’île voisine, Gavrinis, abrite un cairn, un autre site datant du Néolithique. Ces îles sont accessibles depuis les ports d’Arzon et Locmariaquer. En revanche, « on ne peut pas débarquer sur l’île Creïzic, elle est privée ». Tout au long de la balade, Jules nomme les îles, pointe un détail, raconte une anecdote. On commence à mieux l’appréhender, cette petite mer.

Question d’odeurs

Nous débarquons sur l’île de Berder pour faire une pause. Jules sort une bouteille isotherme, du thé et du café. Face à nous, la face sud-ouest de l’île d’Hent-Tenn a « perdu de nombreux arbres après la tempête Ciaran », commente Katell. Les îles et le littoral changent sous l’effet du dérèglement climatique. On prend l’ampleur de ces altérations actuelles et à venir en feuilletant la plaquette Enjeux liés au changement climatique dans le golfe du Morbihan, disponible en ligne : « Des observations de recrudescence de phénomènes extrêmes (coups de vent…) ont été faites dans le golfe du Morbihan surtout en été (tempête inhabituelle au mois d’août). Lors de ces événements, la marée rentre plus loin dans les terres faisant évoluer le trait de côte. » La végétation et la faune sont également bouleversées. De nouvelles espèces « sudistes » apparaissent, d’autres risquent de disparaître. La situation est particulièrement préoccupante pour les oiseaux qui sont nombreux à nicher sur les îles que nous longeons.

Le paysage change au gré de la météo, des marées et des tempêtes. | HÉLAINE LEFRANÇOIS

Pour l’instant, on les voit, on les entend… et on les sent ! Quand on s’en approche, l’odeur de fiente nous prend au nez. Cormoran, sterne, huitrier pie, goéland brun, argenté ou marin…

« On peut observer de nombreuses espèces, confirme Katell. L’avantage, c’est qu’on ne fait pas de bruit, on les dérange moins que les bateaux à moteur. » De même, quand Jules aperçoit un pêcheur à la ligne, il garde ses distances pour éviter de perturber son activité. Le Golfe se partage.

Nous terminons la boucle en faisant cap vers la pointe du Nioul, au sud de l’Île-aux-Moines. Puis nous bifurquons vers l’anse de Kerners et finissons par slalomer entre les bateaux à moteur pour rentrer au port. Après 2 h 30 de promenade, notre corps est un peu fatigué, mais pas épuisé. Sur la terrasse du bar attenant, La Petite Cale, des promeneurs se sont installés pour siroter un verre face à la mer, en admirant l’Île-aux-Moines. C’est Bruno Blancho, le fondateur et ancien propriétaire de Kerners-Kayak, qui tient ce petit bar au calme et sans chichi, ouvert d’avril à septembre. Comme Jules, cet enfant du coin ne se lasse pas de cette vue et des sorties dans le Golfe qui ne se ressemblent pas.

Le saviez-vous ? C’est dans le golfe du Morbihan que se trouve l’un des plus forts courants d’Europe. Situé entre l’île de Berder et l’île de la Jument qui lui a donné son nom, il peut atteindre une vitesse de 9,1 nœuds (plus de 16,8 km/h) au plus fort de la marée. La prudence est de mise…

Kerners-kayak, port de Kerners, à Arzon et Port-du-Logeo, à Sarzeau. Tél. 06 80 32 34 93. kerners-kayak.com

Tarifs : 29 € la sortie découverte (1 h 30), 39 € la demi-journée (2 h 30), 70 € la journée (6 h – 8 personnes minimum), 19 € enfant (moins de 12 ans).

Nos bons plans

BONS PLANS POUR RÉCUPÉRER

Crêperie à la ferme Le Bodérin. Très bonne crêperie dans un cadre champêtre, avec un grand espace et des animaux pour permettre aux enfants de s’évader. Route de la Forêt Ducale, Sarzeau. Tél. 02 97 41 85 14.

Chocolaterie Alain Chartier. Pour déguster une bonne glace ou une pâtisserie. 1, rue des Cabestans, Arzon. Tél. 02 97 42 82 71.

Camping municipal Le Tindio. 2, rue du Bilouris, Kerners, Arzon. Tél. 06 81 82 13 70.

COMMENT Y ALLER

En voiture : à 123 km de Rennes, à 124 km de Nantes, à 322 km de Caen.

En train ou à vélo : depuis la gare de Vannes, plusieurs bus jusqu’à Arzon-Le Crouesty puis 40 min. de marche jusqu’au port de Kerners ou jusqu’à Le Net RD 780, puis 30 min. de marche jusqu’au port du Logeo.

S’INFORMER

Office de tourisme de Sarzeau, parvis de l’espace culturel L’Hermine, rue du Père-Coudrin. Tél. 02 97 53 69 69.

À VOIR TOUT PRÈS

Escapade sur l’île Tascon. Arz, Houat, Hoëdic… Les îles du Morbihan ont la cote. Pour sortir des sentiers battus, et éviter de prendre un bateau à moteur, vous pouvez rejoindre Tascon à pied ou à vélo. Sur les 43 îles que compte le golfe, c’est l’une des trois dont un chemin se découvre à marée basse.

Le château de Suscinio. Ce château fort édifié entre les XIIIe et XVe siècles, résidence préférée des Ducs de Bretagne, se dresse dans un cadre magnifique. La balade continue autour du château. Un sentier permet de s’aventurer dans les marais salants.

Cet article est issu du hors-série de Voyages à l’Ouest , sur les Micro-aventures près de chez vous, à travers l’Ouest, disponible en ligne et en kiosque dès le 16 avril.

Mis en ligne le 02 avril 2025 par jpl56

Origine : Ouest France


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