Consultation de l'article mis en ligne le 13 février 2025

Le golfe du Morbihan en hiver

ENTRETIEN. Le golfe du Morbihan en hiver, à visiter « sans le bruit des bateaux de croisière »

La presqu’île de Rhuys ferme le golfe du Morbihan, cette petite mer intérieure. Un territoire à arpenter hors saison, car libéré des touristes. Cette mosaïque de paysages ravit toujours la guide naturaliste et conférencière Mélanie Chouan.

La pointe de Bilgroix au coucher du soleil offre un panorama à couper le souffle sur le golfe du Morbihan.
La pointe de Bilgroix au coucher du soleil offre un panorama à couper le souffle sur le golfe du Morbihan. | EMMANUEL BERTHIER / HEMIS.FR

Avec sa quarantaine de petites îles, son eau turquoise aux allures de carte postale et sa riche biodiversité, le golfe du Morbihan a quelque chose d’« unique » pour Mélanie Chouan. Des atouts à découvrir pourquoi pas en hiver, loin de la foule des touristes et du bruit des bateaux de croisière… Pour Voyages à l’Ouest, la guide naturaliste dévoile les secrets de cette petite mer intérieure.

Pourquoi venir dans le golfe du Morbihan en hiver ?

Cette saison permet de profiter des sentiers sans la foule, de découvrir les îles du golfe sous des lumières différentes. Il y a les gouttelettes d’eau sur les prunelliers le matin, les odeurs des mimosas et des ajoncs qui commencent à être en fleurs, le bruit des oies sauvages de Sibérie, les bernaches cravant, venues en masse manger la zostère marine… L’hiver, il n’y a plus le bruit des bateaux de croisière dans le golfe. On n’entend que le courant, les vagues, les oiseaux. C’est un moment unique qu’on s’approprie.

Guide naturaliste, Mélanie Chouan organise des visites dans le Sud-Morbihan depuis une douzaine d’années. | AURORE TOULON

Nous sommes à la pointe de Bilgroix à Arzon, à l’entrée du golfe. Pourquoi avoir choisi cet endroit ?

On a un point de vue sur l’entrée du golfe. Au loin, la presqu’île de Quiberon ; en face, Locmariaquer. Dans l’eau, il y a des effets de marmite avec des tourbillons invisibles. Et c’est bien orienté pour voir le coucher du soleil. Et puis, il y a une richesse inouïe de la biodiversité ici. Du côté des algues avec des laminaires, des haricots de mer ou de la dulse poivrée. J’en mange souvent en hiver : elle a un goût de truffe, un peu aillé. Il y a aussi des étoiles de mer, des oursins, des syngnathes (des cousins des hippocampes), des anémones de mer… Côté oiseaux, on peut observer les goélands, les mouettes ou les tourne-pierres à collier qui viennent se nourrir à marée basse. Et il y a beaucoup de plantes du bord de mer, comme la criste-marine ou l’obione. Ce côté est très préservé.

Qu’est-ce que le golfe a de si particulier ?

C’est unique ce petit endroit avec sa diversité d’îles qu’on pense accessibles. Mais on ne peut pas toujours y aller à cause du courant. C’est une baie intérieure un peu fermée, elle a un côté cosy, privilégié. Et puis, quel que soit le temps ou la marée, le paysage ne sera jamais le même. L’avantage dans le golfe, c’est que même s’il fait mauvais temps, on est à l’abri dans certains endroits. Ce qui est unique aussi, c’est qu’on met du temps pour se repérer, le temps de découvrir les amers, les points de repère des navigateurs. Ici, on est davantage dans la civilisation, les courants de l’entrée du golfe. Au fond du golfe, vers Séné et Saint-Armel, on a des paysages d’îlots et de vasières, des endroits très protégés, plus plats, plus calmes, plus sauvages. Et côté océan, c’est plus balnéaire.

Au fond du golfe, à Saint-Armel, les paysages d’îlots sont protégés des courants. | AURORE TOULON

Que faire en hiver sur la presqu’île de Rhuys ?

J’aime bien le sentier côtier des falaises de Saint-Gildas-de-Rhuys. Avec les vents de sud-ouest, c’est plein d’écume et d’embruns iodés. À différentes pointes du golfe, il y a des vues sur les parcs à huîtres à marée basse. On peut y voir les professionnels travailler. Car l’activité économique continue l’hiver, même s’il y a moins de tourisme. Au Tour-du-Parc aussi, il y a une belle randonnée de six kilomètres entre ostréiculture, ancien marais et sentier côtier. À l’intérieur, Logeo et Saint-Armel sont des petits ports très sympas, accessibles à pied, avec de superbes vues sur le golfe. C’est l’occasion de rencontrer les gens du coin qui ont le temps de partager leur territoire. À Saint-Armel par exemple, la boulangerie Le Moulin à café fait un petit pain brioché, le gochtial, un gâteau très typique d’ici. Il y a aussi le Pie Noir café, à côté du château de Suscinio. Ils font des chocolats chauds en hiver. Et à la Maison du cidre au Hézo, chez Chantal, il y a des crêpes tout l’après-midi…

À DÉCOUVRIR

Se plonger dans l’Histoire ou les histoires. Direction le domaine de Suscinio, l’ancien château des ducs de Bretagne, ouvert toute l’année. La visite plonge les curieux dans la vie des seigneurs au temps d’Anne de Bretagne ou dans les légendes arthuriennes. Ne loupez pas la balade dans les marais autour, avec les nombreux oiseaux qui y font halte en hiver.

Ouvrir la visite sur les huîtres. L’huître, c’est LA star locale. Et elle a son musée depuis l’an dernier au Tour-du-Parc. Ostreapolis, c’est un centre d’interprétation immersif, pour découvrir l’huître sous toutes ses coutures, avec force manipulations et explications. À la manière d’un musée scientifique et ludique.

Se prendre pour Obélix. Dolmens, menhirs, cairn, tumulus, pierres gravées… : le golfe du Morbihan est parsemé de monuments mégalithiques, installés au Néolithique. À l’époque, le niveau de la mer était cinq mètres plus bas et le golfe n’existait pas ! C’était un paysage de monts (les îles actuelles) et de rivières. À découvrir en suivant les sentiers des mégalithes d’Arzon ou en visitant le cairn du Petit Mont, qui rouvre aux vacances de février.

Mis en ligne le 13 février 2025 par jpl56

Origine : Ouest France


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