Consultation de l'article mis en ligne le 22 août 2024

entente cordiale entre les naturistes et les textiles

Sarzeau, Arzon, Saint-Gildas, sur la presqu’île de Rhuys l’entente cordiale entre les naturistes et les textiles

Par Loïc Berthy

Arzon, Sarzeau et Saint-Gildas de Rhuys interdisent officiellement la pratique du naturisme sur leurs plages. Mais sur le terrain, elle est largement tolérée.

Le naturisme a tendance à se développer ces dernières années.
Le naturisme a tendance à se développer ces dernières années. (Photo d’archives Le Télégramme/Soizic Ropert)

C’est un reportage qui n’a pas valeur de sondage. Mais enfin, en deux heures de temps passées sur une plage de Kerver, située à cheval entre les communes d’Arzon et de Saint-Gildas de Rhuys, il semble bien que les relations entre les adeptes du naturisme et ceux qui portent le maillot de bain sont tout à fait paisibles.

Et pourtant, sur les trois communes de la presqu’île qui ont des plages donnant sur l’Océan, à savoir Sarzeau (46 km de littoral à elle seule !), Saint-Gildas de Rhuys et Arzon, des arrêtés interdisant la pratique du naturisme existent depuis belle lurette. En réactivant le sien, Saint-Gildas s’est récemment attiré les foudres de l’association Le mouvement naturiste qui a fait un recours devant le tribunal administratif pour contester la mesure.

Derrière cette attaque juridique, sur le terrain, c’est-à-dire sur le sable, l’indifférence semble totale entre ceux qui portent un maillot et ceux qui n’en portent pas.

« On ne dérange personne »

Chez les naturistes, certains ne savent tout simplement pas qu’ils ne sont pas autorisés à être en tenue d’Eve (ou d’Adam) sur la plage de Kerver, où les pratiquants ont leurs habitudes depuis des dizaines d’années. « En tout cas, ce n’est marqué nulle part. À Beg Lann (Sarzeau), il y a un panneau qui stipule que c’est interdit. Pas ici », relève Gwénaëlle, une Vannetaise qui a ses habitudes à Kerver.

« Toutes les plages sont réservées aux textiles. Les zones naturistes sont réduites à peau de chagrin alors que la pratique se développe », regrette la quadragénaire. « C’est dommage cette interdiction, parce qu’on ne fait rien de mal. On ne dérange personne. Remarquez, je n’ai jamais vu de policiers ici », note Jérôme un habitant de Baud qui travaille dans l’agroalimentaire.

Chacun fait comme il veut. Du moment que les naturistes ne viennent pas en plein milieu des familles, ça m’est égal.

« Une question de respect mutuel »

L’espace naturiste est bien identifié par chacune des parties. Sur le terrain, les naturistes et les textiles ne se mélangent pas, même si ces derniers ne s’empêchent pas (et ils ont raison) de se balader sur la plage. En toute indifférence semble-t-il. « Le naturisme, ça ne me parle pas, mais je peux comprendre. Ils ne me dérangent absolument pas en tout cas », témoigne Emmanuelle Théet, une Lilloise qui a une résidence secondaire sur la presqu’île. « Chacun fait comme il veut. Du moment que les naturistes ne viennent pas en plein milieu des familles, ça m’est égal. C’est une question de respect mutuel », souligne Michel, un retraité qui profite de la plage avec sa femme et Lucy, leur petite-fille de 14 ans.

À l’entrée de la plage de Beg Lann, à Sarzeau, un panneau indique que la pratique du naturisme y est interdite.
À l’entrée de la plage de Beg Lann, à Sarzeau, un panneau indique que la pratique du naturisme y est interdite. (Le Télégramme/Loïc Berthy)

Pas besoin d’arbitrer

Alors pourquoi maintenir ces arrêtés d’interdiction alors que la tolérance est de mise ? « Pour ne pas officialiser le fait que c’est une plage naturiste, répond Frédérique Gauvain, la maire d’Arzon. Je ne reviendrai pas sur un arrêté pris par mes prédécesseurs il y a longtemps. La police municipale passe de temps en temps et leur demande de se rhabiller, mais il n’y a pas de verbalisation ».

Pour son homologue de Sarzeau, Jean-Marc Dupeyrat, c’est une question de bonne intelligence. « Les policiers se rendent de temps en temps dans les zones tampon pour voir si tout se passe bien. Quand un équilibre est trouvé, ce n’est pas la peine d’en rajouter. C’est la notion du bien-vivre ensemble qui doit prévaloir, sans pour autant avoir besoin de recourir à un arbitrage de la part des autorités ».

Mis en ligne le 22 août 2024 par jpl56

Origine : le Télégramme


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