Consultation de l'article mis en ligne le 24 juin 2024

Législatives 202

Législatives 2024. Dans la première circonscription du Morbihan, la sortante menacée sur sa gauche

Confortablement élue en 2022, la députée sortante de la première circonscription du Morbihan, la Vannetaise Anne Le Hénanff (Horizons) apparaît favorite des prochaines élections législatives des 30 juin et 7 juillet 2024. Mais l’étiquette Majorité présidentielle pourrait lui peser, alors que le Nouveau Front populaire, porté par Anne Gallo, maire divers gauche de Saint-Avé et élue régionale, croit en ses chances et met de gros moyens.

Dans la première circonscription du Morbihan, La députée sortante Anne Le Hénanff (Horizons) part favorite, mais le Nouveau Front populaire, qui a investi la divers gauche Anne Gallo, y croit et met les moyens.
Dans la première circonscription du Morbihan, La députée sortante Anne Le Hénanff (Horizons) part favorite, mais le Nouveau Front populaire, qui a investi la divers gauche Anne Gallo, y croit et met les moyens. | ARCHIVES OUEST-FRANCE

Des affiches partout et des dizaines de militants déjà mobilisés. En vue des élections législatives des 30 juin et 7 juillet 2024, dans la première circonscription du Morbihan, la gauche, estampillée Nouveau Front populaire, a décidé de mettre les moyens pour soutenir sa candidate, Anne Gallo. Parmi les sept candidats déclarés – contre 14 en 2022 – la maire divers gauche de Saint-Avé, deuxième ville de la circonscription, et vice-présidente du conseil régional, part à l’assaut de la députation avec Audrey Essola, socialiste et élu d’opposition à Vannes.

Des soutiens de poids battent également la campagne. A commencer par Simon Uzenat, patron du Parti socialiste dans le Morbihan, mais aussi sénateur, ou encore Loïg Chesnais-Girard, président de la Région Bretagne, qui mouillent le maillot, y compris en tractant sur les marchés. L’ancien député Hervé Pellois était aussi aux côtés de la candidate, sur le marché de Saint-Avé.

« La gauche modérée a ses chances ici »

La première circonscription du Morbihan (Vannes/Sarzeau/Muzillac). | OUEST-FRANCE

La gauche socialiste et apparentée semble avoir fait de cette circonscription l’une de ses priorités. Dans la répartition faite au sein du Nouveau Front populaire, c’est la seule qui lui a été attribuée dans le département.  Et la gauche modérée a ses chances ici, analysent plusieurs sources, bien informées sur la politique locale. Ils sortent l’artillerie lourde, parce qu’ils y croient mais aussi pour préparer les prochaines municipales à Vannes, notamment en propulsant Audrey Essola.

Lors des dernières élections européennes, le PS est arrivé en tête dans trois communes sur les 25 que compte la circonscription, et souvent en troisième position dans les autres. Sur le papier, la gauche ne part pas en position de force. Mais les législatives ne sont pas les Européennes,  et en misant sur le rejet de la Majorité présidentielle et un Rassemblement national peu implanté, ça peut passer , poursuit un observateur.

De quoi rappeler Hervé Pellois qui, en 2012, avait ravi une circonscription historiquement ancrée à droite. Il s’était alors présenté en tant que divers gauche, pour repasser en 2017 sous la bannière macroniste En Marche. Anne Gallo, qui n’a jamais été encartée, ni au Parti socialiste ni ailleurs, a aussi apporté son soutien à des macronistes. Mais elle préfère désormais souligner que  (son) héritage est celui des sociaux-démocrates, comme Loïg Chesnais-Girard.  Et se réclame de cette gauche qui  est la seule à pouvoir mener le combat républicain contre l’extrême droite .

La sortante plutôt favorite mais…

Dans cette configuration, le camp de la Majorité présidentielle a changé son fusil d’épaule. Au lendemain de la dissolution, et alors que le RN venait de rafler 13 des 25 communes de la circonscription, le mot d’ordre était  à l’unité de la droite et du centre  face à l’extrême droite. Désormais, la Vannetaise Anne Le Hénanff (Horizons), se dresse en rempart contre  les deux extrêmes  :  Cette candidature n’a rien de social-démocrate, c’est l’extrême gauche. Quoiqu’en dise Anne Gallo, le Nouveau Front populaire, c’est comme la Nupes : c’est La France insoumise qui contrôle tout . Pour la députée sortante, le principal adversaire est désormais sur sa gauche.

Un combat dans lequel, au regard des récentes élections, elle part plutôt favorite. Lors des Européennes, la Majorité présidentielle a mieux résisté qu’ailleurs dans le secteur, avec neuf communes où Valérie Hayer est arrivée en tête. Sans oublier qu’en 2022, Anne Le Hénanff avait été élue au second tour avec un score confortable de 59,25 %, face au candidat de la gauche, Luc Foucault.  On était alors dans la dynamique de la réélection de Macron. Là, la donne a changé. Elle s’est retroussé les manches, mais la question est de savoir si elle a réussi à suffisamment se faire connaître des électeurs en seulement deux ans , commente un responsable politique.

Vers un duel entre Le Hénanff et Gallo

Dans la circonscription, sept candidats s’affrontent pour ces législatives anticipées, contre 14 en 2022. | FRANCK DUBRAY / OUEST FRANCE

Pour l’heure, ils sont moins visibles sur le terrain, mais la députée sortante peut, elle aussi, compter sur des soutiens de poids : David Robo, maire de Vannes – principale ville de la circonscription – et président de l’agglomération ; David Lappartient, président du Conseil départemental, ou encore le sénateur Yves Bleunven. Cette union a d’ailleurs étouffé toute velléité de se présenter dans la circonscription chez Les Républicains et plus largement la droite modérée. Ainsi, François Ars, candidat LR en 2022 (8,12 %), et François Mousset, candidat centre droit (6,34 %), ne repartent pas, pour laisser le champ libre à la sortante.

Anne Le Hénanff a aussi un allié stratégique, avec son suppléant, Michel Criaud, maire de Muzillac et relais privilégié dans l’est de cette circonscription. Et suivant la ligne de son parti, Anne Le Hénanff s’affiche Horizons sans aucune mention au Président sur ses documents de campagne.  Son point faible est qu’elle reste associée à la Majorité présidentielle et aux décisions impopulaires, commente-t-on en coulisses. On sent une certaine inquiétude dans son camp. 

Le Rassemblement national fragilisé par l’affaire du tweet

« Après un tel choc, on ne sait pas comment les électeurs peuvent réagir. Même dans un secteur modéré comme le nôtre, il faut se méfier », s’inquiétait David Robo, maire de Vannes, au lendemain de la dissolution. | ARCHIVES OUEST-FRANCE

 Après un tel choc, on ne sait pas comment les électeurs peuvent réagir. Même dans un secteur modéré comme le nôtre, il faut se méfier , s’inquiétait David Robo, maire de Vannes, au lendemain de la dissolution. C’est l’autre inconnue de taille pour ces élections. Quel score fera le Rassemblement national ? Peu implanté dans le secteur, il a frisé les 30 % lors des Européennes.

Lors des législatives de 2022, et alors que ce parti était représenté par une inconnue, Lydia Le Barz, il avait recueilli 11,5 % des voix. En l’absence de candidatures Reconquête ! et Debout la France, le RN pouvait espérer booster son score, et d’aucuns envisageaient même une triangulaire avec Horizons et le Nouveau Front populaire.

 Mais ça, c’était avant la polémique autour du tweet antisémite , souligne un observateur. Affaire d’ampleur nationale pour laquelle le candidat RN, Joseph Martin, a frôlé l’exclusion du parti.  Il a été confus dans ses explications. Ça va forcément laisser des traces, pense la même source politique. Pour autant, ceux qui ne voteront pas pour lui iront sûrement remplir l’abstention. Je ne vois pas où ils pourraient s’y retrouver autrement. 

Où iront les anti-Macron modérés ?

Autre candidat à surveiller, Yann Le Baraillec reste un outsider,  mais il pourrait améliorer son score, prédisent certains. Il peut séduire les anti-Macron modérés . Un électorat qui est précisément la cible de l’intéressé qui,  issu de la gauche, veut aussi parler à la droite . Aux législatives de 2022, Yann Le Baraillec, qui est de toutes les campagnes depuis vingt ans, avait recueilli 3,32 % des voix. Mais il pourrait bien être celui à qui profite l’absence de candidats LR et centre droit dans la circonscription…

Dans cette élection plus resserrée et imprévisible qu’en 2022, il est compliqué de prédire les dynamiques dont vont bénéficier ou pâtir les autres candidats. Pour le Parti breton, Jean-Jacques Page, qui bénéficie d’une certaine notoriété, avait fait 1,39 % en 2022, mais laisse sa place à un jeune, cette fois, avec Ronan Le Sant, 24 ans. Du côté de Lutte ouvrière, Marc Peschanski repart comme en 2022, où il avait recueilli 0,50 % des voix. Enfin, Alice Vasseur se présente sans étiquette et pour faire vivre une candidature citoyenne, avec l’appui du collectif Décidons nous-même.

Mis en ligne le 24 juin 2024 par jpl56

Origine : Ouest France


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